les monts du cantal

Tout au fond d'un immense

horizon onduleux,

loin, devant nous, nos monts,

en tumultueux groupes,

Heurtant confusément

leurs poitrails et leurs croupes

Se cabraient dans le ciel

comme des dragons bleus.

C'était là que l'aïeul,

la main horizontale,

Le chef, d'un cercle étroit

de cheveux blancs lauré,

En notre verbe d'Oc,

ardent et coloré,

Célébrait tendrement

la montagne natale :

Le conique Griou,

coiffé d'un chaperon ;

et le Puy-Violent,

tombant sa carapace ;

Le Plomb, dos de baleine,

émergeant dans l'espace,

Et sur lequel on voit

pointer un aileron ;

Puis, tel un fier prélat

qu'entoure son Chapitre,

Parmi les plus hauts pics

du groupe principal,

L'orgueilleux Puy-Mary,

colosse èpiscopal,

érigeant dans le ciel

les cornes de sa mitre.

Le grand-père nommait

chaque pic, chaque col,

D'une voix si vibrante,

avec une telle âme,

Qu'il fasait s'allumer

en moi comme une flamme,

L'impérissable amour de notre

de notre rude sol.

Arséne VERMENOUZE